-* Texte et photos de Philippe
L’objectif du voyage est la découverte du Sultanat d’Oman, nous en avons profité pour parcourir les Emirats Arabes Unis (UAE).
- De Dubaï (UAE) à Ibri (Oman)
Après quelques jours de mise en route, nous commençons à prendre nos marques.
Un petit climat printanier nous accompagne chaque jour avec des variations entre 15 et 25 degrés. Seule ombre au tableau, le vent. Il nous accompagne également mais pas dans le bon sens, aussi dans les larges plaines à découvert, ça use un peu.
Nous avons donc quitté Dubaï sans vraiment y avoir mis nos pneus. Nous étions logés en périphérie à plus de 40 km du centre animé. Nous nous sommes juste autorisés une furtive escapade pour récupérer deux cartouches de gaz, apprendre à utiliser le métro et faire quelques courses.
Cela fait maintenant cinq jours que nous pédalons et chaque jour nous battons notre record de distance sur ce qu’on appelle chez nous des autoroutes.
Au début, il y a un peu d’appréhension, puis au fil du temps on finit par trouver ça assez confortable. Imaginez, une bande d’arrêt d’urgence au revêtement impeccable de 2 mètres de large, que pour nous. Les autres utilisateurs se partagent les deux, trois ou quatre voies. Cerise sur le gâteau, nous n’avons pas à surveiller les véhicules qui viennent en face, il n’y en a pas. Tout le monde va dans le même sens. On ne compte plus les kilomètres, on compte le nombre de réverbères, car ces routes sont éclairées la nuit. Compter les réverbères, ça occupe et ça fait passer le temps….
En quittant Dubaï, nous avons été escortés par une nuée de camions, des camions citernes servant à évacuer les eaux usées…
Pour rejoindre la frontière avec le Sultanat d’Oman, le paysage est quasi désertique avec quelques belles dunes parsemées d’arbres rabougris et de temps à autres un village où juste une succession d’habitations.
Après deux étapes et l’impossibilité de poursuivre notre parcours comme prévu (suite à un conflit entre Oman et le Qatar !!) nous avons utilisé le plan B. Bien nous en a pris, les routes sont toujours aussi bonnes et nous avons pu découvrir l’oasis d’Al-Ain, classée à l’Unesco pour son système d’irrigation. Avant de rejoindre le Sultanat d’Oman, une petite visite au marché aux bestiaux s’est imposée à nous.
C’est un des plus importants de la péninsule arabique et ce qui est original c’est Le marché des dromadaires. De riches maquignons locaux arrivent dans leur puissant 4x4, font le tour des bêtes qu’ils convoitent sans descendre de voiture, et négocient l’achat.
Après cette visite instructive, nous filons vers le Sud et atteignons Ibri, après 160 km de quasi ligne droite, vent de face. Heureusement, les Omanais et les expatriés (très nombreux dans le pays) sont des gens chaleureux, ils nous invitent à partager le tchaï, nous offrent des friandises ou des fruits frais.
- Ibri - Ibra
En sortant d’Ibri, c’est un no man’s land constitué d’une plaine caillouteuse et sur notre gauche le début de la zone montagneuse. Nous calculons notre vitesse en nombre de réverbères. Si nous descendons en dessous de 200 réverbères à l’heure c’est que le vent est bien de face.
Le vendredi, jour de prière, la vie est au ralenti. Les magasins se ferment et les rues sont désertes. C’est le calme absolu et tout d’un coup, la prière passée, la vie reprend. En ce jour sacré, nous avons rendez-vous avec des tombes-ruches vieilles de 5000 ans. Elles sont nichées sur une colline au pied de la « montagne du Peigne » dans les monts Hadjar. Le lieu, site de l’Unesco, est libre de tout accès. Il n’y a pas foule. Le soir, nouveau bivouac près de la mosquée d’Amla.

Les étapes suivantes nous amènent au pied des forteresses les plus imposantes du pays (Jabrin, Balha, Nizwa). Constituées de pierres et de boue séchée, ce sont de véritables labyrinthes bénéficiant d’une situation stratégique.
Après trois jours d’une approche progressive, nous arrivons au cœur des Monts Hajar. En guise de préambule, je m’offre une petite visite du petit village de Misfat, perché sur un piton rocheux.
Là, je rencontre nos premiers cyclo-voyageurs, Sharley et Andrew. Ils sont britanniques et sillonnent les montagnes en bikepacking. Ils avouent qu’ils poussent régulièrement tant les pentes sont raides sur certaines pistes.
Le lendemain, nous grimpons, sans bagage, au Shorfet Al Alamayn Pass (2012 m). Les pentes atteignent les 15-16 % par endroit. Sur la route, quelques chèvres nous accompagnent, mais peu d’arbres pour prendre la pause.
Au sommet, superbe spectacle, le paysage est minéral et les variations de tons lui donne un petit aspect envoûtant.
Nous sommes hébergés au pied, au milieu d’une vaste palmeraie où serpentent quelques ‘Aflaj’ ,
ces canaux d’irrigation permettant de repartir l’eau entre les différents utilisateurs tout en l’économisant. Nous rencontrons de nombreux expatriés des Pays Asiatiques proches comme l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh. On les sent joyeux et prêts à rendre service. Surpris de voir des occidentaux à vélo, ils n’hésitent pas à réclamer des selfies ou à nous filmer depuis leur 4x4.
Nous rencontrons Tracy et Kim, de solides Gallois,
à l’entrée de Nizwa, l’ancienne capitale. Ils n’ont pas hésité à monter des pneus crantés de 75 mm pour passer dans les endroits difficiles. Ils ont également monté un pignon de 50 dents à l’arrière !!! Avec ça et un enthousiasme communicatif, ils nous ont fait forte impression.
On dit des Omanais qu’ils sont bienveillants, chaleureux et accueillants. Nous en avons eu encore la preuve, il y a deux jours. A peine notre tente montée auprès d’une mosquée,
Magid est arrivé, il a jugé que, même si nous étions en sécurité, l’endroit n’était pas idéal, alors il a organisé notre hébergement chez son frère, Imar. Toute la famille nous a reçu avec beaucoup d’égards. Après un copieux goûter avec moults produits (dattes, gâteaux et fruits) pour accompagner le tchaï, pris dans le salon des invités, nous avons eu droit à une succulente omelette préparée par Fatima, la maman. Puis nous avons dormi dans le salon des invités.
- Ibra - Tiwi
Nous profitons de la halte à Ibra pour visiter les vestiges de la vieille ville et échanger avec les omanais au marché, on repart sans même pouvoir payer nos achats.
Nous partons vers le Sud,
où nous avons rendez-vous avec les dunes du désert. Nos vélos n’apprécient pas. Le sable fin se colle partout. Nous les laissons en garde chez notre logeur dans le village avant de rejoindre un camp quelques kilomètres plus loin. Ici, loin de tout, le calme et la sérénité règnent. Seuls les dromadaires blatèrent.
Puis nous longeons le désert des Sharqiyas Sands. Après ce moment de solitude, nous reprenons la route vers la mer d’Oman. Dès les premiers tours de roues nous retrouvons nos paysages familiers,
une zone désertique à droite et une zone montagneuse sur notre gauche. Le vent s’est encore invité au programme et nous n’avançons plus qu’à 180 réverbères à l’heure.
La grande ville de Jalan nous accueille pour un soir. La circulation y est intense et il y règne une belle animation de fin de journée. Dans cette partie du pays, les cyclo-voyageurs se font rares et nous avons la surprise de retrouver trois cyclistes Canadiens dans notre hôtel. Ils sont un peu émoussés par une rude étape dont une bonne partie sur piste.
Sur la côte, le décor change. Au fond, la Mer offre ses variations de bleus
. Quelques villages se succèdent et entre deux villages…plus rien. Les longues lignes droites commencent à nous peser. Après une étape de 100 km de vent de face nous arrivons au refuge des tortues vertes. Elles viennent nicher dans ce coin après avoir passé le plus clair de leur temps dans le Golfe Persique ou dans la Mer Rouge. Le lendemain, c’est allongés sur nos vélos que nous remontons vers la belle ville de Sur en luttant contre le vent.
Les Wadis
sont des fonds de vallées très encaissés, des canyons que l’on découvre de l’intérieur. A vélo, c’est sportif car les pentes dépassent facilement les 20%.
Pour le Wadi Tiwi, la route grimpe jusqu’au dernier village mais après 6 km nous comprenons que nous ne pourrons y aller à vélo. 15 % ça va encore sur quelques centaines de mètres, mais 20-22 %, c’en est trop pour nous. Alors, un jeune Omanais, Mohanqd, vient à notre rescousse et dans son 4x4 nous fait découvrir son coin de paradis. Entre cascades, falaises aux couleurs ocres et petits villages accrochés à la montagne, on comprend qu’ici la vie ne doit pas être facile pour tout le monde et tous les jours.
Nous partons à la découverte du Wadi Shab.
Afin éviter les hordes de touristes nous nous sommes levés très tôt et nous ne l’avons pas regretté. Le Wadi Shab se parcours à pied, ça nous change du vélo. Superbe balade, on ne sait où poser son regard tant les couleurs sont attirantes.
Tiwi - Mascate
En quittant Tiwi, nous avons eu droit à une nouvelle étape minérale. La route se faufile entre la Mer d’un côté et les contreforts du Djebel Bani Jabir de l’autre. Ça vallonne, le vent ne nous est pas favorable mais en contrepartie nous bénéficions de vues exceptionnelles.
Nous rencontrons Josiane et Michel,
deux cyclo-voyageurs Parisiens. Ils démarrent un périple à Oman en sens inverse. Après un long moment d’échanges en plein soleil, nous nous sommes séparés et chacun a repris sa route.
Le bivouac du soir un peu mouvementé s’est terminé dans un parc en bord de mer. Nous nous sommes fait virer, en pleine nuit, d’un superbe parc avec belle pelouse et toilettes à proximité. Nous avons dû replier notre petite tente et tout notre barda pour tout réinstaller deux kilomètres plus loin. En compensation, nous avons eu droit à un superbe lever de soleil.
Mascate, capitale d’1,7 millions d’habitants s’étend sur plus d’une cinquantaine de kilomètres. Une fois qu’on est dans la ville, c’est un régal de circuler, dès lors qu’on emprunte les routes buissonnières.
L’atmosphère a changé. La population beaucoup plus cosmopolite que dans les montagnes enlève ce côté dépaysement qu’on a ressenti jusqu’à présent.
Pendant quatre jours nous avons joué aux touristes avec nos vélos et nous avons écumé ce qu’il y avait à voir. Moins pris par le temps, les rencontres se sont multipliées. Nous avons ainsi échangé avec de nombreuses Omanaises.
Les Omanaises sont présentes dans la plupart des secteurs économiques du pays. Au début du voyage, nous les rencontrions assez peu, mais depuis que nous sommes sur la côte est, elles sont beaucoup plus présentes. Toujours souriantes et prévenantes à notre égard, c’est toujours un plaisir d’engager la conversation avec elles.
En fait, ici tout semble assez simple dès qu’on dispose d’un peu de temps. Il suffit de s’arrêter là où il y a un groupe de personnes et les discussions démarrent dans la foulée
A Mascate, nous avons également rencontré beaucoup d’Iraniens et d’Iraniennes. Samira, ingénieur en électronique, nous a fait passer un bon moment dans le souk de Murtrah. Aténa et toute une délégation de la Faculté de droit de Téhéran nous ont permis de découvrir l’opéra royal de Mascate
, avec à la clé des invitations à aller à Téhéran.
Dans la vieille ville de Mascate, nous avons adoré la balade dans les petites rues, nous avons flâné sur la corniche, déambulé au milieu des échoppes des vendeurs d’or et de bijoux, et senti le poisson frais sur les étals du market-fish.
Dans le Mascate moderne, nous avons été impressionnés
par la Grande Mosquée du Sultan Qaboss, par la mosquée Al-Amenn et l’opéra Royal. Des bâtiments impressionnants aux lignes très pures.
Lors d’un apéro avec la communauté francophone de Mascate, nous avons beaucoup appris sur la vie des expatriés à Mascate et le plan « d’Omanisation » mis en œuvre par le Sultanat qui vise à réduire le nombre d’expatriés dans certains métiers stratégiques.
Le lendemain, nous en avons profité pour aller encourager les pros qui se sont élancés pour le Tour Cycliste d’Oman. Nicole a bien tenté d’échanger sa randonneuse contre le vélo d’Adam Yates (vainqueur de l’épreuve en 2024) mais elle a renoncé le trouvant un peu lourd par rapport aux vélos des Visma.
-Mascate - Shinas
Côté vélo, tout se passe bien. Mises à part deux nouvelles crevaisons pour Nicole, les randonneuses se comportent à merveille malgré le sable et la poussière accumulés. Nous venons de passer les 1700 km.
Aujourd’hui, les Omanais nous ont encore témoigné de leur générosité.
Suite à un simple arrêt sur le bord de la route, Fatma et son frère nous ont invité pour un breakfast improvisé. Toute la famille s’est réunie autour de nous sur le grand tapis des invités et joyeusement nous avons dégusté des crêpes, des dattes et un bon café.
Les étapes semblent monotones sur le papier mais en réalité il y a toujours quelque chose à découvrir dans les petits villages de pêcheurs. Ici, les pêcheurs s’étalent sur toute la longueur de la plage et les sardines dans les champs….
Le point fort de cette semaine fut notre rencontre avec Khalid et sa famille à Shinas. Ils nous ont hébergés pendant deux nuits et notre connaissance de la culture omanaise s’est considérablement enrichie.
Nous avons été accueillis avec beaucoup d’égards et de gentillesse. Khalid a dessiné une carte du monde sur un pan de sa maison et chaque cyclo-voyageur qui passe a le devoir d’y écrire un petit message. La petite Jude vient nous serrer la main tous les jours. Khalid est professeur de biologie et aime accueillir des cyclo-voyageurs dans sa grande maison, il met à leur disposition l’immense salon des invités.
A Shinas, nous en avons profité pour grimper jusqu’à Hatta (UAE) et prolonger ainsi notre visa Omanais. C’est dans cette cité lovée au milieu d’un cirque de montagnes que les Emiratis ont construit un centre de villégiature pour les amateurs d’activités de pleine nature. Le site attire énormément de touristes à quelques 100 km de Dubaï. Nous y avons rencontré Hasoon, un cyclo-voyageur Balouchistanais.
A Shinas, nous décidons de prendre le ferry pour rejoindre la péninsule de Musandam. Elle est située à une cinquantaine de kilomètres de l’Iran. Elle vit du tourisme, de la pêche,
de la culture des palmiers-datiers et du commerce un peu illicite avec l’Iran. Oman gère l’activité du détroit d’Ormuz avec l’Iran. A vélo, les points de vue se gagnent à la force des mollets. Pour les fins de parcours, nous avons le choix entre pistes ou pistes, alors on en a choisi une qui nous a amené au Khor Al-Nadj,
pour faire comme tout le monde, une des photos emblématiques d’Oman.
Au retour, nous avons rencontré Piotr, un cyclo-voyageur Allemand. Piotr est parti de Salalah (la grande ville du Sud d’Oman) pour rejoindre le Nord du pays.
Cerise sur le gâteau, il a accompli ce parcours par les pistes de montagnes. Il nous a avoué avoir beaucoup poussé sur certains tronçons.
La route de la corniche qui longe le Détroit d’Ormuz ne ressemble à aucune autre. Elle se faufile entre la mer et la falaise, les couleurs alternent entre le vert émeraude,
le gris, le jaune et l’ocre. C’est assurément une des plus belles routes du pays à parcourir à vélo. C’est avec un peu de nostalgie que nous quittons le Sultanat, nous nous y sentions bien et avions pris nos habitudes.
Khasab - Dubai (UAE)
A Ras Al-Khayma, après une entrée bien poussiéreuse dans les Émirats, nous avons dû nous habituer à un trafic plus urbain, finie la décontraction sur le vélo, place à la vigilance. Je dis « poussiéreuse » car dans cet Émirat pauvre, on casse la montagne pour approvisionner les autres Émirats en matériaux pour construire des tours, de plus en plus nombreuses et de plus en plus hautes. Il nous faut même mettre les masques.
Heureusement, ça ne dure pas.
Un peu par hasard, nous tombons sur le Tour Cycliste des Émirats Arabes Unis. Nous restons dans le coin et nous en profitons pour grimper au Djebel Jais,
la plus haute route des Émirats. Le lendemain, nous avons rendez-vous avec quelques champions et pas des moindres, pour le départ de la troisième étape. Nicole se fait un nouvel ami, elle préfère les jeunes… j’en profite pour aller saluer quelques dignitaires, on nous présente le directeur de l’épreuve et la télévision d’Abu Dhabi nous fait un petit interview. Nicole donne quelques conseils à Tadev Pogăcar
pour grimper le Djebel Jais et ce dernier gagne l’étape.
Nous reprenons notre route sereins et ravis de ces moments privilégiés. Notre parcours alterne entre routes du bord de mer et autoroutes urbaines. Ça nous change vraiment du Sultanat d’Oman : les grandes tours et les grands complexes hôteliers accaparent l’espace.
Dans l’Emirat d’Umm Al-Quwiam, rebelote, nous croisons une nouvelle fois les coureurs. Ce coup-ci, c’est pour une arrivée d’étape, un règlement de comptes entre sprinteurs. Nous avons droit au carré des VIP pour suivre l’arrivée au niveau de la ligne.
Tout ceci nous rapproche progressivement de Dubaï. Nicole n’en finit pas avec les crevaisons, et aujourd’hui, c’est Olé, un travailleur Togolais,
qui nous vient en aide. Nous en profitons pour échanger sur sa condition d’expatriés et il nous explique pourquoi les africains viennent ici, même si les travaux proposés sont difficiles et peu payés comparativement aux expatriés beaucoup plus diplômés.
Plus nous nous rapprochons de Dubaï, plus le trafic est intense. Nicole joue les virtuoses pour jongler avec Organics. Elle dirige la manœuvre en matière de navigation et nous sommes devenus maîtres pour sauter les trottoirs à vélo ou pour traverser une 2x2 voies sans passage pour piétons.
Pourtant, il faut toujours se méfier et rester vigilants. Les indiens à vélo ont l’habitude de doubler à droite. Les automobilistes ne savent pas ce que c’est qu’un cycliste qui roule sur la route et, à cause des vitres teintées, on ne peut anticiper leurs réactions. Malgré cela, on avance. Nous avons un peu raccourci les étapes et quand on en a marre on va prendre un peu de tranquillité dans un musée au calme ou dans un souk pour se faire quelques nouveaux amis.
A Dubaï, nous sommes accueillis par Régis et Kiran. Ils habitent un quartier très calme à deux coups de pédales des principaux centres d’intérêt du Nord de la ville. Ce sont des cyclo-voyageurs, expatriés, membres de la communauté « warmshowers ». Chez eux, nous avons eu la surprise de retrouver Piotr, le cyclo-voyageur Polonais rencontré quelques jours auparavant dans la péninsule de Musandam. Il bouclait son carton pour partir au Kenya.
Le dimanche matin semble idéal pour visiter Dubaï à vélo, la circulation est faible dans le centre-ville. Nous avons pu ainsi aller saluer la Tour Burj Khalifa (la plus haute tour du monde avec ses 828 m), nous promener dans les vieux quartiers et arpenter les souks d’épices, de tissus, de parfums et de plein d’autres choses.
Dubaï - Abu Dhabi - Dubaî
La vie à vélo à Dubaï est un peu stressante mais on finit par s’y habituer. En fait, il faut circuler au plus près de la côte et ainsi on évite au mieux les grands carrefours à 2 fois 4 ou 5 voies.
Pour rejoindre Abu Dhabi, nous décidons de prendre le bus. C’est confort et c’est simple. La taille de la soute nous permet d’installer les vélos sans les démonter.
Abu Dhabi, capitale des Émirats, offre une vision beaucoup plus aérée que Dubaï. La façade côtière est aménagée par une belle promenade sur plus de dix kilomètres. Piétons, badauds et cyclistes peuvent s’y promener en toute quiétude. Entourée d’un archipel de plus de 200 îles, la ville s’étend sur plusieurs dizaines de kilomètres.
Une petite visite au Louvre d’Abu Dhabi s’impose.
C’est un petit coin de France pense-t-on, mais en réalité c’est une immersion dans l’évolution de l’art, de la préhistoire au monde moderne avec une illustration de chaque civilisation. On en revient émerveillé.
La promenade sur la corniche nous permet d’aller jeter un œil sur notre dernier marché aux poissons. Le bâtiment a été rénové et c’est plutôt clean. Dans ce lieu, assez loin du centre-ville, chacun a son rôle. Ce sont souvent des poissons venant d’Oman, des poissons de toutes les couleurs, qui sont à la vente et on recense beaucoup plus de vendeurs que d’acheteurs. Toutes les nationalités du Sud-Est Asiatique y sont représentées mais il est vrai qu’aux Émirats les expatriés constituent près de 90 % de la population.
En reprenant la corniche, nous rencontrons
Toch, un jeune pêcheur Philippin, il se bat avec une grosse prise. C’est une raie pastenague particulièrement dangereuse, son venin peut être fatal. Il en arrive à bout au bout de quelques minutes. Il la sort de l’eau, fait une vidéo, la décroche méticuleusement pour enfin la remettre à l’eau. Toch, comme de nombreux expatriés du Sud-Est Asiatique, travaille 12 heures par jour. C’est un « Uber Eats » local. Aujourd’hui, c’est son seul jour de repos hebdo, aussi il en profite. Comme tous ceux que nous avons rencontrés, il avoue que le travail ici est dur mais que la vie est plus facile que dans son pays.
Nous reprenons nos vélos pour poursuivre notre virée sur la corniche. Une piste cyclable impeccable nous mène au Palais de l’Emirat transformé en palace-hôtel.
Une accumulation d’opulence qu’on nous permet de découvrir. Ce contraste avec la vie que mène ceux qui exercent « les petits métiers » indispensables à la vie de tous les jours est saisissante.
La seconde attraction d’Abu-Dhabi c’est la mosquée Cheikh Zayed.
La plus majestueuse des mosquées des Émirats ne laisse pas indifférent. C’est compliqué pour y arriver mais une fois dans l’enceinte il suffit de suivre la foule. Dans ce lieu, se croisent toutes les nationalités de la planète.
Le lendemain, nous retrouvons quelques voies cyclables pour nous rendre sur
l’île destinée au développement de l’activité cycliste (Al-Hudayriat Island). Ici, on bâtit une cité modèle dans ce domaine. Pour le moment il n’y a pas de cyclistes mais ils finiront par arriver. Un vélodrome de classe internationale doit ouvrir ses portes d’ici quelques mois. Les championnats du monde de cyclisme sur route sont prévus à Abu-Dhabi en 2028, et en 2029,
il y aura les championnats du monde sur piste. Pour le moment, dans la réalité, les Émirats s’avèrent être plus une terre dédiée à la voiture qu’au vélo, mais promis, ça va changer.
Nous quittons Abu-Dhabi par un itinéraire bis dont Nicole a le secret. Nous longeons quelques belles deux fois trois voies et partons nous perdre dans la campagne.
Dans cette partie du parcours, nous disposons d’une deux fois deux voies (quasiment pas de voitures) et d’une superbe piste cyclable toute neuve pendant trente kilomètres. Cet axe mène nulle part mais à coup sûr d’ici la fin de la décennie une nouvelle ville va émerger.
Notre fin d’étape sur Dubaï est plus mouvementée. Nous terminons à la torche sur une quatre voies après avoir tergiversé dans une ville logistique de chauffeurs routiers. Là, nous avons pu apprécier l’intérêt des lampadaires et des routes éclairées ! Au milieu de dizaines de poids-lourds, un peu de réconfort ça donne du baume au cœur.
Pour notre dernier jour à Dubaï, la montée dans une nouvelle tour nous donne un aperçu de ce qu’est la démesure. Nous avons une vue circulaire sur l’île artificielle de Palm Jumeirah. Nous échangeons avec l’agent de sécurité de la plateforme terminale. Il est Indien et assure une vacation de 12 heures en continu, sans même une chaise pour se reposer. Et les touristes poursuivent leurs séances de selfies...
Dernière visite à la star de Dubaï (Burj Khalifa) de nuit et il faut déjà penser au retour.
En conclusion, un très beau périple avec le coup de cœur de Nicole pour Oman, son authenticité, sa nature et la bienveillance des Omanais et des Omanaises, la richesse des rencontres. Pour ma part, j’ai été conquis par ces paysages Omanais ainsi que par l’accueil et la générosité de la population. J’ai toujours eu un faible pour les tours et je suis resté bouche bée devant la créativité des architectes dans les Emirats.
Nous rentrons avec des images plein la tête. Le retour à la réalité, après 2500 km passés dans ces deux pays va être un peu compliqué.